Rencontre avec l'auteur Fred Paronuzzi

Projet De La Plume à l'oreille

            Nous avons rencontré l’auteur Fred Paronuzzi à la médiathèque de Fréjus le vendredi 13 avril. Les élèves de 1 CEC et ceux de TOBM ont eu un échange fructueux avec cet auteur de six romans de littérature jeunesse.

Voici le compte-rendu de l’échange entre l’auteur et les élèves du lycée :

Sur l'auteur et son rapport à l'écriture:
-Avez-vous un métier à coté de votre travail d’écrivain ? Oui je suis professeur de Lettres/anglais en lycée professionnel. Je travaille à 80 % pour avoir un peu plus de temps pour l’écriture.

-Quel est votre livre préféré parmi ceux que vous avez écrits ? J’ai une affection plus particulière pour mon premier roman 10 ans ¾ parce que je ne m’attendais pas à être publié, j’étais vraiment surpris.   

-Avez-vous un endroit privilégié pour écrire ? J’aime écrire dans le train sur mon petit ordinateur. Je prends souvent le train pour les rencontres avec les élèves. Chez moi, je travaille dans mon bureau entouré d’objets que j’aime comme un pavé que j’ai ramené de Berlin, une ville que j’apprécie beaucoup. Je suis aussi entouré de citations d’auteurs que j’aime comme l’écrivain Albert Camus. Parfois, mais c’est plus rare, je travaille dans un café.

Je travaille 6 mois sur l’ordinateur, j’imprime puis je fais une relecture et une correction sur papier. J’aime les phrases courtes alors je supprime le superflu. Mon premier jet n’est jamais très bon. Je travaille beaucoup dessus.

-Que disent vos élèves sur le fait que vous écriviez ?
Je sépare vraiment mon métier de professeur et mon métier d’écrivain. Certains de mes élèves ne savent pas que j’ai publié des livres mais si ils viennent m’en parler, je réponds volontiers.

-Avez-vous de la famille dans le métier ?  Vous a-t-on transmis ce besoin d’écrire ? Non, ma famille ne travaille pas dans ce domaine là. Au début je ne l’ai pas trop dit. Ils trouvaient cela un peu étrange et ne me prenaient pas trop au sérieux.

-Combien de temps mettez-vous pour écrire un livre ? En général je mets un an pour écrire un livre. Parfois je prépare des projets des années à l’avance.

-Avez-vous une famille ?  Ma compagne est une grande lectrice, elle me conseille des livres et comprend le travail que je fais. Pour gagner du temps, je ne regarde plus la télévision depuis 6 ans. On ne peut pas tout faire. J’ai un emploi du temps compliqué; j’ai beaucoup de rencontres avec mon public.

-La question du revenu. Fred Paronuzzi a abordé seul le thème du revenu des auteurs en demandant aux élèves : Qu’est-ce qui serait juste qu’un auteur touche financièrement sur la vente d’un livre ? Les élèves ont répondu spontanément 50 ou 80 %. Fred a répondu qu’un auteur jeunesse touche en moyenne 7 % (10% pour un auteur adulte). L’éditeur touche 25 %, le libraire 20 %, un pourcentage est aussi destiné au diffuseur. C’est l’auteur qui touche le moins. En France, chaque livre est publiée en moyenne à 1000 exemplaires. Beaucoup d’auteurs ont un métier à coté. On n’écrit pas pour l’argent.
-Est-ce que Fred est votre vrai prénom ? Quand l’éditeur ma demandé de changer mon nom de famille, je n’ai pas voulu. Cela fait partie de mon identité. Je n’ai concédé que de réduire mon prénom !

Sur le livre un cargo pour Berlin
Nour quitte l'Algérie, elle fuit sa famille et le destin qu'elle lui réserve. Transformée en Youness, un jeune garçon, elle se lance dans l’aventure de l'émigration: voyage en camion, passage de frontières...Elle rêve d'un avenir meilleur.

-Pourquoi avez-vous choisi ce pays ? J’ai beaucoup voyagé au Maghreb. Je suis intéressé par la culture arabe et moyen orientale, j’ai une amie proche qui est algérienne.

-Vous inspirez-vous de faits réels ?  Je me suis inspiré de la situation d'amis qui sont sans papier. De plus, je suis d’origine italienne. Mon grand-père est venu d’Italie pour travailler en France. Cette question de l’identité me touche.

-Comment avez-vous choisis les prénoms des personnages de ce livre ?
Je ne les ai pas choisi au hasard. Tarek signifie « route » en arabe, et ce personnage décide d'émigrer; le deuxième sens de ce prénom est « « étoile du matin » ce qui donne à l’aventure une lueur d’espoir. Ahmed est un élève que j’ai en classe et qui a beaucoup d’humour. Je lui ai dit que j’avais choisi son prénom pour un personnage de mon livre qui avait lui aussi beaucoup d’humour.

-Pourquoi avez-vous choisi ce titre « Un cargo pour Berlin » ? C’est vrai que cela aurait été plus réaliste de titrer mon roman : un ferry pour Algésiras ! Berlin n’est même pas à coté de la mer …mais je voulais mettre du rêve et de la poésie dans le titre. J'ai été inspiré par le livre de Boris Vian « Un automne à Pékin »: le contenu du livre n’ayant rien à voir avec le titre.

-Je me suis bien documenté sur le sujet pour écrire le livre. Dans la culture maghrébine, une femme qui perd sa virginité est rapidement mariée. A la différence de Tahar Ben Jelloun, écrivain que j’apprécie, je ne cherche pas de parti pris; je décris des faits mais je ne juge pas.

Les projets de l’auteur :
            Je me sens bien dans la littérature jeunesse; j’aime les rencontres avec les adolescents. J’aimerai écrire pour les plus jeunes et notamment dans les albums jeunesse.
Un ami m’a proposé d’adapter mon livre « La lettre de Flora » en bande dessiné.
Mon prochain livre sort en janvier 2013. C’est un roman qui se passe dans un lycée. Quatre adolescents se croisent pendant une heure soit « 3300 secondes » titre que j'ai retenu. A la manière du film Elephant, la scène est vue du point de vue de plusieurs personnages : un élève est au CDI, un autre avec le CPE, un autre est en cours.


        
            Étaient présents lors de cette rencontre : Les élèves de TOBM et de 1 CEC du LP Gallieni ainsi que leurs professeurs de Lettres/histoire Mme Delahalle et Mme Henriot, Fred Paranozzi et les responsables jeunesse de la médiathèque Solange Ladrière et Filippine Vanbelle ainsi que la rapporteuse de cette interview: Véronique Grandjacques, professeur documentaliste du lycée.

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